L’Helson Sharkmaster
Un petit constructeur, Helson, s’est lancé en 2010 dans la production d’un «revival» d’une montre très rare mais aussi très emblématique de la plongée : la Seamaster 1000 Oméga réf. ST 166.0093 dont on peut trouver la fiche d'identité sur la base de donnée de la maison mère ( http://www.omegawatches.com/customer-service/vintage-watches ).
L'original Oméga a figuré officiellement dans la collection internationale Oméga de 1972 à 1977. La Seamaster 600 Proprof a elle figuré au catalogue sur une période un peu plus longue de 1970 à 1979. Pour comparaison les Doxa Sub ont été produites sur 10 ans exactement de 1967 à 1977. la courte période de production (5 ans) et sans doute sa faible diffusion peut expliquer la rareté dela SM1000 sur le marché de la collection plus de 30 ans après.
Si on compare l'Helson avec les détails d'une Oméga de 1973 tels que donnés à ce lien par exemple http://www.convention-floor-videos.com/seamaster1000/ , les proportions et les volumes du boitier comme du bracelet sont quasiment reproduit à l'identiques.
Quelques mesures permettent de comparer aux cotes originales données sur le site Oméga.
La boite "pilote" chez Oméga fut exploitée dans d'autres variantes de
dimensions pour le chrono Flightmaster et un chrono Seamaster tout aussi rare (la "Big Blue"). 1972-1977, la courte carrière de la SM1000 était donc aux heures de gloire de l'équipe Cousteau. Au fil des campagnes de tournage, les montres de plongées alors authentiques et indispensables instruments de plongée, en voyaient de rudes ont imagine.
L’Helson héberge un calibre utilitaire d'aujourd'hui : l'ETA 2824 automatique fort bien réglé, un cadran mat à index peints sans cerclage qui rappellent vraiment bien les racines des "années terribles" de la plongée. Faut il qu'elles nous fascinent à ce point pour que tous ces "revival" voient le jour actuellement : La SUB Doxa, KonTiki Super Eterna, Vulcain, et j'en passe dont la Ploprof Oméga elle même, hélas un peu déguisée et trop fardée mais bon l'intention y est quand même!
Revival et boutique watches
Le qualificatif «boutique watches» désigne l’ensemble des petites productions appercu depuis qualques années sur internet. Les fabrications est souvent possible grâce à la facilité avec laquelle la sous traitance chinoise peut les produire à moindre coût. Elle intègre des mouvement automatiques divers : Citizen, Miyota, ETA suisse et même SLAVA russe !
Les débuts de la Sharkmaster ont été très difficiles avec deux montres échangées pour defaut d’étanchéité ...
Finalement j’ai dû qualifier la 3ème par une série de plongées en cuve à eau simulant la plupart des situations réelles.
PLONGées de qualifications
Voici le traitement imposé à l'Helson Sharkmaster #183, 3ème candidate du nom. Rappelons d'abord un peu les faits : la #39 puis la #176 ont connu des problèmes d'infiltrations d'eau détectés par une condensation importante de vapeur d'eau après des plongées à pas plus de 15m à Chamagnieu et d'enseignement dans 3m d'eau en piscine. Jean-Michel a connu le même problème avec deux autres exemplaires dont le 1er fut totalement noyé par 40m de fond à Roussay. A Chaque fois nos montres ont été promptement échangées ou même remboursée pour le second exemplaire de Jean-Michel. Les nouvelles montres en été livrées en moins de 8 jours depuis Hong-Kong par FEDEX. Pour ce 3ème exemplaire, Peter Helson (toujours très réactif par email) m'a dit qu'elle a subi de nombreux tests dans l'eau à 100 bar, 10 bar et même 1 bar (dans un verre d'eau quoi) suivi de tests de la condensation sur platine chauffante.
L'exemplaire #183 n'a rien de particulier et m'est livré corps de montre nu. Le calibre ETA 2824 est comme sur les autres exemplaires parfaitement réglé à +2-3 s/jours.
Afin de ne pas découvrir le problème éventuel à nouveau en plongée ou juste à son issue (on a d'autres trucs à penser en général) la montre va donc passer dans mon nouveau testeur : un modèle très classique et simple nommé "Calypso" avec une pression de service de 11 bar (soit 12 ATA, 120 m).
L'Helson a subi 7 tests successifs sur 24h. Entre les tests 6 et 7 la couronne a été dévissée puis revissée et la montre portée une journée entière avant de replonger.
1 - Dans l'air : descente (dans le bleu si on peut dire...) à 70 m avec un palier de 2min tous les 10 m. Immersion après 24 min et remontée rapide (1 min). Quelques bulles s'échappent de la couronne et de la lunette vers 15m : fuite ou air résiduel dans les interstices?
2- Dans l'air : descente à 40 en 30s puis plongée 13min; descente à 50 m 18min. La pression est très stable dans le montage. Immersion et remontée à 40 m 5min, 30m 2min, 20 2min, Remontée à 0 en 2 min. A nouveau grosses bulles de la lunette/couronne entre 15 et 10 m. Pas rassurant.
3- Dans l'air toujours : descente à 60m 15 min puis 80m 12 min; immersion et retour très rapide en surface. 3 bulles sortent de la couronne et de la lunette. Illustration d'un ADD de type 1!
4 - Dans l'eau dès le départ (condition de plongée) : descente à 50 m en 1min et plongée 26 min; remontée lente 20 m en 3min; palier 5 min à 6m puis 12 min à 3m.
Séchage et contrôle condensation OK.
5- Dans l'eau : descente à 20 m et 45 min de plongée, remontée lente et palier de 5 min à 5m
Séchage et contrôle condensation OK.
6 - Dans l'eau : descente à 10m et 1h de plongée. remontée en 1min, pas de palier.
Séchage et contrôle condensation OK.
7 - Dans l'eau : descente à 80m en 2min, 25 min au fond, remontée en 7min30 au palier 18m 2min, palier 15m 5min, palier 12m 7min, palier 9m 16min, palier 6m 23 min, palier 3m 53min (table plongée à l'air US Navy année 60 ...) plongée totale 2h21 - Séchage et contrôle condensation OK.
Tout semble donc aller pour la Sharkmaster #183
Un petit bémol : j'ai constaté que de l'eau s'est infiltrée sous l'acrylique de lunette lumineuse décollant le fond noir un peu comme si cela "pelait". Mais bon, c'est plus facile de changer une lunette que la montre entière. J'ai dit à Peter Helson que si cela ne nécessitait pas d'outillage spécifique, je pouvais le faire moi même.
Conclusion : Nous avons été victimes avec Jean-Michel de montage et d'un contrôle "approximatifs" qui a pu être résolu apparemment dans cet exemplaire. A voir le problème de la lunette rotative par la suite (elle a peut être morflé dans les chauffages / refroidissement des tests de condensation). S'agissant d'un projet totalement nouveau (reproduction d'un boitier genre monobloc à emboitage par l'avant) et d'une petite production, on se rend compte les problèmes clients qu'on peut rencontrer dans ce genre de projet quand même. L'attitude de Peter Helson a été absolument exemplaire et on souhaiterait voir des marques se prétendant "prestigieuses" comme IWC se comporter comme lui devant de tels problèmes.
